Quelques pièces d'étoffe  noires sont fixées directement au mur, c' est la série des Cisterciens : quatre serviettes noires s'alignent à hauteur de visage rappelant les beaux mais très austères capuchons des moines.

J'utilise ensuite  le découpage pour créer, à même l'étoffe, une sorte d'écriture hiératique, un alphabet particulier qui une fois épinglé au mur mais décalé de celui-ci  projette une ombre et se dédouble. Ce sont Les 14 châtiments.

Je questionne les fondements de la peinture en la disséquant ; son support ( la toile), je l'appelle le Corps du Délit. Le tissu est pour moi le socle originel de toute démarche picturale. Je dépiaute, découpe, écarte, démantèle ; certaines de mes œuvres seront même constituées d'un seul et unique fil épinglé : Les Complices.  

Après avoir pris appui sur le fil comme support zéro de la peinture, je change tout. Au cutter, je trace des séries de lignes en profondeur et ourle ce nouveau médium. Une trame apparaît, ce sont de grandes gravures, des réseaux souples et ondulants que la lumière irise. Mais la "mémoire  textile" est là, laissant apparaitre quand on se rapproche quelques traits qui flottent, quelques "chutes de fil" en suspend dans un espace blanc : Les Points.  

Puis les formats augmentent, le réseau se déploie sur de très grands formats. J'utilise le feu, 

j'incendie mes papiers, les chauffe au chalumeau, on pourrait dire que je maltraite la façon classique de dessiner. La procédure rappelle l'autodafé, certaines oeuvres surgissent d'un grand brasier : Les constellations.

Dans les travaux récents ; les papiers chiffonnés que je n'ai pas froissés, que je n'ai pas mis en boule ni dépliés ouvrent la dernière série. L'illusion du"sous-pli"et du froissement des étoffes est achevée. Ici la surface craque. Une fois de plus l'œuvre est mise à mal, c'est le"Territoire de la Peinture"qui se lézarde: Les Dessins Martiaux.

 
Avril 2014